VATICAN – Le Pape entend participer à la résolution du conflit, mais son positionnement est souvent critiqué.
A Rome, le Pape est au centre de critiques pour ne pas avoir suffisamment condamné Vladimir Poutine. Alors qu’il cherche les voix du dialogue, est-il trop ambigu, comme certains l’affirment ? Spécialiste du Vatican et du Kremlin, de passage à Bruxelles pour une conférence organisée par KTO Belgique, le journaliste et essayiste français Bernard Lecomte revient sur la position du Pape François.

A quoi assistons-nous ? A un conflit politique, à une guerre civilisationnelle sur fond religieux ?
Derrière l’invasion médiévale de Poutine se cache notamment un clivage multiséculaire entre deux blocs chrétiens. Si vous reprenez l’histoire, vous découvrez « la première Rome », celle de la péninsule italienne, capitale de la chrétienté, menacée par les barbares au 4ème siècle et qui laisse place à Constantinople, la « deuxième Rome », finalement conquise par les Ottomans. C’est dès le 16ème siècle que Moscou se nomme la « troisième Rome », et se construit en opposition aux deux premières. Aujourd’hui, lorsqu’on entend Poutine vilipender l’Occident considéré comme dégénéré, c’est cet Occident issu de Rome et de Constantinople qu’il critique.
C’est donc le combat de la « troisième Rome » contre les deux premières qui ressurgit aujourd’hui ?
Il y a de cela. En Ukraine, la « première Rome » est incarnée par les catholiques byzantins de l’ouest, appelés les uniates, et de la « deuxième Rome » par les orthodoxes ukrainiens indépendants et relevant du patriarcat de Constantinople. De plus, sans tomber dans les généralités, notons qu’entre les valeurs occidentales qui promeuvent la liberté de l’individu et le respect de la personne et les valeurs russes qui proposent comme vertu l’obéissance, la force, la nation et le collectif, nous sommes face à un choc entre différentes valeurs civilisationnelles.
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