
Homélie de monseigneur Jean-Pierre Delville de ce 1er novembre, évêque de Liège, à l’issue de la messe télévisée depuis la cathédrale Saint-Paul à Liège
En cette fête de Toussaint, nous avons en mémoire les défunts que nous avons connus ; peut-être la tristesse envahit-elle notre cœur au souvenir de ceux que nous aimions et qui nous ont quittés.
Mais la liturgie d’aujourd’hui élargit notre regard : au lieu d’évoquer des gens tristes, elle parle de ceux qui sont heureux ; et au lieu de faire voir des individus, elle nous montre des foules immenses. En cette fête de Toussaint, en effet, même si nous pensons à commémorer nos défunts, à prier pour eux et à visiter les tombes de nos familles, nous sommes d’abord invités à la joie et à l’espoir d’une vie nouvelle. C’est le message de Jésus dans les béatitudes.
Les foules heureuses
« Heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des cieux est à eux« , dit Jésus sur la montagne aux foules rassemblées (Mt 5,1-12). Et dans l’Apocalypse, saint Jean écrit (Apocalypse 7,2-14) : « J’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toutes nations, tribus, peuples et langues. »
Ces deux foules sont heureuses : Jésus répète neuf fois le mot « heureux » dans son discours sur la montagne. Et dans l’Apocalypse, la foule chante le salut qui vient de Dieu. Cette joie est celle d’appartenir à un peuple sauvé, la joie de ne pas être isolé et abandonné, livré à soi-même et aux violences du monde.
Pendant la période du Coronavirus, nous avons vécu péniblement l’épreuve de la solitude ; maintenant qu’on peut se retrouver, nous comprenons mieux la valeur précieuse de nous retrouver ensemble, d’avoir une réunion de famille, de visiter une personne en difficulté ou de célébrer la liturgie en Eglise. Entre nous, passent des ondes positives, des sourires, des émotions, des confidences, des gestes d’affection. On ne vit donc pas la joie tout seul, mais en communauté.
Les personnes unies par Dieu
C’est cela que nous célébrons en cette fête de Toussaint : la communion des saints, la famille du Dieu saint, l’assemblée constituée par la sainteté de Dieu. Le mot « saint » signifie d’abord « séparé, mis à part ». La sainteté de Dieu, cela signifie son originalité, le fait qu’il est séparé de ce qui est habituel ou banal. En étant notre Père, il nous unit par cette originalité et transforme notre humanité en une famille de frères et de sœurs. Il nous unit à tous les saints qui nous ont précédés, comme ceux de notre Église de Liège, qui sont représentés sur les murs de notre cathédrale.