Pour un mariage « mixte » entre catholiques et protestants (1/2)

Cet article est écrit au terme de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Il est le fruit de respectivement, Laurence FLACHON, pasteure protestante et Charles DELHEZ, prêtre catholique. Et si l’on s’émerveillait de tout ce que l’on a en commun ? Un texte à deux mains.

Cette chronique est née d’une célébration commune à l’occasion d’un mariage « mixte » (protestant-catholique). Les fiancés avaient voulu nous associer. Nous avons ainsi posé un geste audacieux, tel que le souhaitait le pape François lors de sa récente rencontre avec le Patriarche Chrysostome II, à Chypre. Les participants en furent tout heureux.

Que nos différences soient non pas niées, mais réconciliées. Donnons-nous la main, comme Jacques, Pierre et Jean donnèrent la main à Paul et Barnabas en signe de communion (cfr Ga 2, 9), après le conflit de Jérusalem. Historiquement, d’ailleurs, le christianisme a été d’emblée pluriel.

« L’œcuménisme ne peut être rien d’autre aujourd’hui que la reconnaissance et l’acceptation sereine que l’unique tronc a multiplié ses branchages »
Copie d’écran journal La Libre © Serge Dehaes

Un arbre aux multiples branchages

C’est cette diversité que nous avons à apporter au monde, et non pas nos divisions. La diversité, en effet, n’empêche pas l’unité, mais lui donne plus d’éclat. « L’œcuménisme ne peut être rien d’autre aujourd’hui que la reconnaissance et l’acceptation sereine que l’unique tronc a multiplié ses branchages » (1), a pu écrire le philosophe et théologien Yves Ledure.

Et si cette diversité n’était pas seulement le fruit de nos divisions, mais aussi l’expression de l’infinie richesse de l’Évangile ? Ne nous faut-il pas oser enfin croire que c’est un même Esprit qui nous anime (cfr 1 Co 12, 4-11) et qui nous conduit vers la vérité tout entière (cfr Jn 16, 13) ? Au IVe siècle, Basile de Césarée faisait remarquer que « c’est la même eau fraîche et féconde qui tombe sur le champ afin que fleurisse rouge le coquelicot, rose la rose et bleu le bleuet« .

Plus proche de nous, l’essayiste français Tzvetan Todorov estimait que « la leçon des Lumières consiste à dire que la pluralité peut donner naissance à une nouvelle unité d’au moins trois manières : elle incite à la tolérance dans l’émulation, elle développe et protège le libre esprit critique, elle facilite le détachement de soi conduisant à une intégration supérieure de soi et d’autrui » (2).

Nos perceptions de la vérité sont encore imparfaites. Nos différents chemins nous permettent d’aller vers elle. « Rappelons-nous que nous faisons ce voyage non pas comme ceux qui possèdent déjà Dieu, mais comme ceux qui continuent à le chercher. Par conséquent, nous devons aller de l’avant avec humilité et patience, et toujours ensemble, pour nous encourager et nous soutenir mutuellement, car c’est ce que veut le Christ« , déclarait le pape François ce 17 janvier, devant une délégation œcuménique de Finlande.

La synodalité dont parle tant le Pape, n’est pas seulement un chemin pour l’Église catholique, mais pour les Églises du Christ. C’est en restant fidèle à son Église native, mais avec un regard de sympathie et d’admiration pour les autres Églises, que cette unité sera possible. Un pont se construit toujours de là où on est pour aller à la rencontre de l’autre rive.

Article paru dans la Libre.be le mardi 25 janvier 2022, dans la rubrique Débats – Opinion :

Une carte blanche de Laurence Flachon, pasteure protestante, et Charles Delhez, jésuite.

(1) Yves Ledure, La rupture, christianisme et modernité, Lethielleux 2010, p. 191.

(2) Tzvetan Todorov, L’Esprit des Lumières, Livre de Poche 4418, p. 136.

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