Une lecture spirituelle des rides

Au nom de l’équipe pastorale, nous vous souhaitons une année nouvelle placée sous le signe de l’espérance, de la sérénité et de la fraternité : ensemble, illuminons cette année 2021 !

Chaque nouvelle année porte en elle la fraîcheur virginale du commencement. La page est encore blanche et nous aimerions ne pas y faire trop de ratures ou de pâtés. Or, si nous changeons d’année, nous ne changeons pas de peau ! Nous restons pétris de tout ce qui fait notre singularité et notre personnalité, le bon comme le moins bon. Nos commencements ne sont bien souvent que des « re-commencements », car nous passons notre vie à tomber et à nous relever. Nous avons tous nos ornières, ces nœuds par lesquels nous repassons inlassablement, alors que nous les pensions défaits. Et que dire du temps qui passe sur nous et ralentit nos gestes comme notre agilité mentale ?

Il y a pourtant mieux à faire que de s’inquiéter de nos manques ou de nos ratés, car on n’a jamais vu que l’inquiétude prolonge l’existence (Mt 6, 27). Ce qui est à entendre nous arrive, comme souvent, à travers une parole qui fait peu de bruit, mais qui porte en elle un formidable pouvoir d’espérer. Il y aurait donc à déployer un autre regard sur nous-même que celui qui s’en tient au flétrissement de la peau : « Si notre être extérieur se délabre, notre être intérieur se renouvelle de jour en jour » (2 Co 4,16). Ce lieu-là se soigne non par des cosmétiques mais par une éthique. Celle qui considère « ce qui ne se voit pas » (2Co 4,18) et qui demande à aller vers son accomplissement.

Ce que nous sommes en vérité est en devenir et le sera jusqu’à notre mort. C’est l’être caché du cœur, celui « qui assume toute la réalité de l’être extérieur au fur et à mesure que celui-ci s’épuise et se ‘craquelle’, comme se craquelle la chrysalide qui va libérer le papillon (tel est sans doute le sens des rides) ». *

Qu’elle est belle cette idée que les rides – y compris celles du cœur – sont le craquellement par lequel vient peu à peu au jour notre être profond, celui qui est promis à la vie au-delà du trépas. Cela devrait nous pousser à considérer nos faiblesses avec tendresse, puisqu’elles font signe vers une promesse.

Le calendrier de Dieu met décidément le nôtre à l’envers. Il dit que la vie est devant et la mort derrière. Que naître est de chaque jour, qu’il faut viser la légèreté en nous désencombrant de nos mauvais soucis. La prochaine fois que nous croiserons notre visage dans le miroir, souvenons-nous que nos jours sont inscrits dans le temps de Dieu, non celui qui passe mais celui qui vient. C’est une éphéméride qui magnifie les rides là où nous les méprisons !

*« Corps de mort et de gloire », Olivier Clément, (DDB, 1995)

Francine Carrillo, Théologienne, écrivaine et poète.

Extrait de Panorama – janvier 2011.

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