
Il me téléphone.
– Demain il va pleuvoir.
– C’est ce qu’on annonce. Tant mieux pour les cultures. Mais aujourd’hui il fait si beau.
Elle m’appelle. Tu te rends compte ! Déjà l’automne, ça me fait peur…
– Les arbres vont prendre des couleurs magnifiques dans la lumière moins violente.
J’aime ce jeu des saisons ; je ne voudrais pas vivre sous un ciel perpétuellement bleu. Évidemment je vais encore me faire taxer d’optimisme, une tare rédhibitoire en cette période mortifère où l’anxiété se cultive. Serait-il malvenu de se réjouir des plaisirs offerts à chacun pour autant que les sens restent en alerte et le cœur ouvert ?
Parfois j’en ai assez d’entendre ces porteurs et porteuses de mauvaises nouvelles, râleurs et frileuses. Si encore cela servait à quelque chose mais améliore-t-on la qualité de l’air en ouvrant un parapluie perpétuel, entraîne-t-on les enfants à vivre en les mettant en garde contre tous les dangers potentiels de l’existence ?
Serions-nous nombrilistes, obsédés par nos maux alors que non loin de chez nous (les informations mondiales sont à portée d’écran), Beyrouth subit les ravages des explosions autant que du virus, la Biélorussie se soulève, le Mozambique lutte contre la famine, la Californie flambe ? Si le malheur des autres n’a jamais consolé du sien, il oblige à le relativiser : la décence élémentaire nous contraint à ne pas prendre la Belgique comme le pire endroit où vivre mais à porter notre charge quotidienne en allégeant celles des autres si possible. Une amie évoque sa maîtresse des novices réagissant à son mal être en l’interrogeant avec une ferme douceur.
– Tu as mangé aujourd’hui ?
– Oui.
– Tu as un toit sur ta tête ?
– Oui.
– Alors, va ma fille.
Ramenée aux besoins essentiels, elle avait ressenti le luxe de sa plainte. J’ai connu cette religieuse, les épreuves traversées au cours de sa longue vie ; je me souviens de Socrate, l’accoucheur des esprits, renvoyant à la vérité par ses questions élémentaires.
Il y a peu, Arte Journal saluait l’initiative de Nantes : transformer des espaces habituellement fleuris en potagers dont les légumes sont offerts à des associations ; le nombre de personnes en manque de légumes frais ayant augmenté avec le confinement.
Sur le sentier, je ramasse une feuille de marronnier : Guillaume Apollinaire la comparait à une main de femme ; je lève le nez vers les nuages. Je vais tenter d’accueillir cet automne neuf avec reconnaissance, allégresse même.
Extrait du journal Dimanche du 11 octobre 2020 : « L’air de rien – Colette Nys-Mazure »
Merci , hé oui le changement de saison, de couleurs , mais comme la nature est magnifique ! Dieu a créer chaque choses tout est parfait ! Essayons d’apprécier la vie sous toutes ses couleurs nous en seront que remerciés .
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