Les siècles ont beau se succéder, les bons vieux péchés d’antan restent d’actualité et gardent une éternelle jeunesse.
Avarice, paresse, gourmandise, orgueil, luxure, envie et colère… Les anciens reconnaîtront les sept péchés capitaux, tels qu’enseignés par le catéchisme de leur enfance. Le monde a bien changé, mais force est de constater que ces bons vieux péchés restent d’actualité et gardent une éternelle jeunesse. Si parfois ils parasitent l’âme en solitaire, c’est souvent associés à d’autres qu’ils pourrissent une vie. Existe ainsi un binôme dont les affaires fleurissent : il s’agit du couple infernal, né des amours entre l’envie et la colère.
L’envie – aussi appelée « jalousie » – est un sentiment quasi universel, qui consiste à prendre ombrage de ce que l’autre a et dont je me sens privé. Ce n’est pas tant ce qui lui manque qui ronge l’envieux, mais bien le fait que son voisin – lui – le posséderait. Ce péché est d’autant plus puissant, qu’il est presque toujours honteux. Il est, en effet, très rare que l’envieux reconnaisse qu’il est rongé par la jalousie… Son vice ne l’en dominera que davantage. L’individualisme narcissique que notre société cultive depuis deux siècles, ne fait qu’attiser la rivalité mimétique qui consume le regard de l’envieux. L’enfant-roi ne tolère pas que son voisin ait un hochet qui lui échappe. Il fera donc tout pour le lui prendre, ou pour le casser.
La colère est ce feu qui nous met hors de nous-mêmes. S’il existe de saintes colères, mues par un authentique désir de justice, le vice de la colère est nourri par le sentiment tronqué de subir une injustice. Alors, l’ego se met en rage et les pensées se font violentes. Les promesses d’un accès sans limite à l’abondance matérielle dont la société de consommation nous a gavées, se sont avérées vaines. La croissance économique patine, l’environnement s’effondre et les générations montantes vivent moins bien que leurs parents. Alors couve une colère qui s’exprime sous toutes les bannières, allant de la droite identitaire jusqu’à la gauche victimaire. Chacun s’indigne et bave sa rage. Il suffit de faire un petit tour sur les réseaux sociaux pour s’en convaincre.
Quand la colère attise l’envie et que l’envie nourrit la colère, advient un double vice qui pollue l’âme au carré. Prenons le président russe, pétri de colère devant la perte de grandeur de son pays et envieux d’un Occident, qu’il n’en hait que davantage. La suite est connue… Je pense aussi à un ami à la générosité héroïque, parti au loin pour aider un peuple démuni. Il découvre que, sur place, d’aucuns manigancent pour saboter son œuvre, car ils ne lui pardonnent pas le bien qu’il leur fait, par jalousie pour son zèle et colère devant leur précarité. C’est aussi ce satané binôme qui fait en sorte que l’ennemi à abattre est souvent celui qui me ressemble, bien plus que celui auquel tout m’oppose. D’où les guerres fratricides entre factions marxistes, phalanges fascistes et autres. Ce prochain, si proche, qui me fait de l’ombre et que je jalouse, une noire colère me presse à l’abattre par le verbe, la plume ou le couteau. Ainsi aussi, dans la planète catholique, les attaques les plus insidieuses ne viennent pas d’anticléricaux fanatiques, mais bien de zélés fidèles se croyant « plus catholiques que le pape ». En colère de ne pas vivre dans l’Église de leurs rêves et envieux envers ceux qui en portent le fardeau, ceux-là troquent l’élan missionnaire pour un rejet suicidaire de l’Église réelle. Emmurés dans leurs reproches, ils « filtrent le moustique et avalent le chameau » (Matthieu 23, 24).
Face au cancer de l’envie et de la colère, la démarche synodale voulue par notre Pape dans l’Église, peut se révéler un puissant antidote. “Synode” signifie en grec : “marcher ensemble”, soit d’apprendre à se parler et à s’écouter. Rien de tel pour éteindre le feu de la colère et briser le poison de l’envie, que de discerner ensemble ce que l’Esprit murmure à Son Église.
Publié le 14-11-2022 sur Lalibre.be
Merci pour cet article. Pourquoi ne pas dire? Ne regarde pas nos péchés mais la foi de ton Église, ou alors, La paix elle aura ton visage , la paix aura tous les âges , la paix sera toi sera moi sera nous la paix sera chacun de nous. Ou aimez vous les uns les autres et cela évitera de devoir affronter les guerres . Amen
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