
Le Père Joseph BURGRAFF publie, chaque trimestre, un bulletin d’amitié intitulé “Joyeux dans l’Espérance”, trait d’union entre les Spiritains, leurs amis, familles et bienfaiteurs.
Nous vous proposons l’éditorial de septembre 2020.
Tout est lié
C’est une des expressions du pape François qui revient à plusieurs reprises dans son encyclique Laudato Si. Ce document s’adresse à tous les hommes de bonne volonté et depuis cinq ans, il a provoqué bien des réflexions et des commentaires élogieux. Le pape y parle beaucoup d’une écologie intégrale. Pour lui, l’écologie ne consiste pas seulement à se promener avec un arrosoir à la main et à cultiver bio. L’écologie dont il parle est une façon de vivre, une façon de vivre ensemble, en bons gestionnaires de la création. En prenant soin de soi, des autres et de la terre.
Au fond, c’est une vieille histoire. La Bible nous raconte, à sa façon, comment tout a commencé. Dieu a créé le ciel et la terre, séparé la lumière et les ténèbres… Puis il créa l’homme, mais il vit que l’homme ne pouvait pas vivre seul, et lui créa un vis-à-vis. L’homme ne peut pas vivre seul, il n’est pas une île. Il a besoin d’un Autre, des autres… L’autre est un semblable, et aussi différent(e) ; cette différence donne de la couleur, du relief. Et la maison commune que Dieu nous donne, c’est la création.
Dans ce cadre, la solidarité est une nécessité, pas une option. Elle nous donne de regarder l’avenir avec confiance. Je ne suis pas seul… Je peux compter sur les autres, et ils peuvent compter sur moi. A l’inverse, la solitude est lourde, déprimante. C’est un des enseignements à retenir de la période du Covid. Aucune statistique ne pourra nous dire le nombre des victimes de la solitude. Et puis, tous n’en mouraient pas, mais tous en étaient atteints…
La terrible épreuve du Covid a montré que toutes les crises sont liées : économique, sociale, politique, écologique. Le Covid 19 les souligne ou les aggrave. Les conséquences sont énormes, impensables ; nos manières de vivre sont ébranlées, les inégalités augmentent… Une des conséquences sera qu’une autre « maladie » va se développer : la faim dans le monde.
Ce n’est pas une crise, c’est un changement d’époque. Il faut changer ! Ouvrir les yeux, les oreilles, le cœur à l’autre, à l’Autre. Entendre les jeunes, notre avenir ! Ne pas repartir sur les bons vieux rails usés.
Masque ou pas masque : nous sommes solidaires, solidairement responsables de gestion, responsables de l’autre, des autres. Il nous faut d’abord entendre les cris de détresse. Entendre le cri d’une Afrique qui ne respire plus… Le dernier gémissement de George Floyd est repris en Afrique : « Je ne sais plus respirer ». Dur à entendre, mais il ne faut pas se boucher les oreilles. Il faut quitter nos zones de confort, nous laisser interpeller par cet appel. Nous laisser bousculer par l’Evangile : convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. Construisez un monde différent, plus juste, plus respectueux de la planète. Il y a urgence.
Il faut combattre le vrai virus, celui qui rend fou, qui nous fait croire que nous pouvons en sortir en nous isolant. Le chacun pour soi est un suicide, et une impasse.
La bonne question à nous poser est : que pense de tout cela Jésus de Nazareth, à qui on amenait tous les malades et les pauvres. Que veut-il faire, aujourd’hui, pour les rencontrer, à travers nous… S’il est bien vrai qu’Il fait route avec nous, il est tout aussi vrai qu’Il n’a pas d’autres mains que les nôtres pour aider, pour accueillir, pour encourager, pour relever.
Et si ce petit virus nous faisait comprendre que : tout est lié, et que : tous nous sommes liés, responsables les uns des autres ?
Père Joseph BURGRAFF