
L’archevêché de Lyon est vacant. Une femme, Anne Soupa, s’est proposée pour succéder à Mgr Barbarin. Un fait d’actualité qui interroge la place des femmes dans la Bible.
L’archevêché de Lyon est vacant. Il attend la nomination du successeur de Mgr Barbarin. Une femme, Anne Soupa, s’est proposée, défrayant la chronique. Sept autres la suivirent, se présentant pour des postes réservés aux prêtres, à des hommes donc. Il s’agissait de raviver le débat. Sans vouloir ici prendre position, j’évoquerai la place étonnante des femmes dans les évangiles. Un angle de vue moins fréquent, hélas, notre lecture étant encore fort masculine.
La société était patriarcale, comme la plupart à l’époque. La femme comptait alors pour peu. En tout, elle était inférieure à l’homme. Au niveau juridique, elle était la propriété de son père, puis de son mari et, devenue veuve, de ses enfants. Des femmes, il fallait se défier, pouvait-on lire dans la Bible.
Jésus n’avait pas peur d’elles. Il nouait même des liens d’amitiés avec certaines. La plus célèbre est Marie de Magdala – ou Madeleine -, « apôtre des apôtres » car, première à bénéficier des apparitions de Jésus au matin de Pâques selon les évangiles. Elle annoncera la résurrection à ceux qui n’étaient plus que onze.
Comme nul rabbi
Quelques femmes suivirent Jésus, de Galilée jusqu’à Jérusalem, l’accompagnant et l’aidant. Nul rabbi ne s’adressait aux femmes ou n’avait de disciples féminins. Le mot pour les désigner n’existait d’ailleurs pas en araméen. Elles étaient vraisemblablement présentes au Cénacle, lors du dernier repas, la veille de sa mort. Elles seront les plus fidèles, jusqu’au pied de la croix.
Appréciées à la maison, elles étaient mises à l’écart de la sphère publique. Le prophète de Nazareth, lui, ne les confinait pas à la cuisine. Un jour, Marthe et Marie, deux sœurs, le reçurent chez elles. Marie, assise à ses pieds, écoutait sa parole. Quant à Marthe, elle était accaparée par de multiples tâches culinaires. Elle interpella Jésus pour qu’il rappelle à sa sœur ses devoirs. Il répondit : « Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »
Le discours de Jésus est inclusif. Son point de vue n’est pas toujours celui de l’homme. Ses paraboles mettent aussi des femmes en scène. Il les prend souvent comme exemple, notamment pour leur foi et leur générosité. Ainsi la veuve mettant deux piécettes dans le tronc du Temple.
Sur pied d’égalité
Dans le domaine sexuel, dont Jésus parle assez peu, la société jugeait plus sévèrement les femmes. Il ne jeta la pierre sur la femme adultère, renvoyant ainsi les hommes à leurs responsabilités. En Israël, les maris pouvaient facilement répudier leur femme, considérée comme leur bien propre. La réciproque n’était pas vraie. Dans l’épisode où Jésus rappelle l’indissolubilité du mariage, il s’agit sans doute davantage de prendre la défense de la femme, victime habituelle de l’institution du divorce, que de rappeler la règle.
Dans les évangiles, Jésus est rarement présenté comme changeant d’avis. Une fois, cependant, une femme lui fit faire volte-face, l’obligeant à s’occuper d’elle, une étrangère et donc une païenne. C’est un moment important dans la mission de Jésus, car il franchit une barrière de plus, celle du peuple d’Israël. Il élargissait ainsi sa mission que, dans un premier temps, il réservait au peuple juif.
Dans la foulée des femmes, il y avait les enfants, marginalisés eux aussi. Là encore, le rabbi de Nazareth renverse les conceptions habituelles. Il invite ses disciples à leur devenir semblables, c’est-à-dire à se faire petits comme eux, alors qu’on aurait tendance à demander aux enfants de ressembler aux adultes, qui eux sont grands. Il mettait ainsi tout le monde sur pied d’égalité et rappelait l’accueil à réserver aux plus faibles.
Dans les albums Tintin, Hergé ne fait pas la part belle aux femmes. Que l’on pense à la Castafiore qui fait fuir les oreilles trop sensibles, à la femme du général Alcazar qui porte les culottes ou à l’épouse de Séraphin Lampion qui ne cesse de tricoter. Quel contraste !
Une chronique de Charles Delhez parue dans la Libre.be le mardi 26 août 2020.
Merci pour cet article, la femme est la couronne de la création elle porte la vie sous son coeur et ne diminuons donc pas la valeur que le Seigneur lui a donnée , que du contraire
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