Jean-Paul II a été le pape de l’espérance (« N’ayez pas peur ! »). Benoît XVI, celui de la foi. François, celui de la charité, la plus grande des vertus théologales. De ces trois vicaires successifs, parfaitement cohérents entre eux, il aura été le dernier pape, l’ultime souverain pontife. Car après et au-delà de l’amour, il n’y a rien — pas même Dieu lui-même.

Jean-Paul II, Benoît XVI et François sont les trois figures ultimes de la vie chrétienne, et l’on ne saurait, en aucun contexte, séparer leurs missions et leurs actions.
Dans la séquence des 112 prophéties de « Malachie », publiée vers 1595, il correspondrait peut-être à l’annonce sibylline d’un « Pierre le Romain » (Petrus Romanus), lequel siégerait pendant les persécutions finales (in persecutione extrema) : puis Finis, la fin. Des philologues ont fait remarquer que le terme persecutione était peut-être une altération du mot prosecutione, ce qui signifierait que ladite prophétie s’inscrirait dans un futur indéterminé (« dans la suite des temps ») plutôt qu’à la fin de l’ère chrétienne.
Une série prodigieuse de trois vicaires successifs
Peu nous chaut. En désignant ici François comme le pape ultime, nous ne faisons en réalité aucune référence à ce débat ésotérique autour d’un texte controversé et contestable. Le pape François, quel que soit son successeur, est le pape ultime d’une série prodigieuse de trois vicaires successifs, parfaitement cohérents entre eux et qui ont écrit ensemble le plus remarquable des récits bouclés pour notre temps. À Jean-Paul II la vertu d’espérance (« N’ayez pas peur ! »), à Benoît XVI celle de la foi (en forte polarité avec la raison), à François celle de la charité (et de l’humilité qui l’accompagne). François est le pape ultime d’une consécution proprement miraculeuse de trois immenses souverains pontifes. On ne saurait, comme le souhaitent tant les conservateurs américains que les progressistes allemands, dissocier à aucun moment l’action coordonnée de ces trois primi inter pares. Jean-Paul II, Benoît XVI et François sont les trois figures ultimes de la vie chrétienne, et l’on ne saurait, en aucun contexte, séparer leurs missions et leurs actions.
C’est en théorie à ce moment précis que s’élèvent les cris d’orfraie, chacun faisant ses petites courses à sa guise en matière d’Église. Certains oublient tout ce que la pensée de Benoît XVI portait d’amour (il est l’auteur de l’encyclique Deus Caritas Est). D’autres occultent tout ce que celle de Jean-Paul II avait d’avant-gardiste (a-t-on oublié la rencontre interreligieuse d’Assise ?). Les enthousiastes, subjugués par la personnalité de François, nient parfois ses aspects les plus conservateurs. En réalité, ces trois papes se prolongent l’un l’autre, sans que le critère journalistique habituel (gauche-droite) ne parvienne à effleurer la profonde cohérence et la continuité de leur message. Ce sont les papes ultimes.
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