Chemins de carême

« Il fut conduit par l’Esprit à travers le désert » (Matthieu 4, 1-11)

Copie d’écran Lalibre.be

Avec Jésus au milieu des tentations, nous sommes invités à suivre Jésus au désert. Dans le lieu du manque. Un lieu aride, où se révèle la faim, la soif et tous les désirs qui habitent le cœur de l’homme…

Au désert, Jésus, notre frère humain, être de désir comme nous, est mis à l’épreuve, il éprouve en lui-même les tentations. Le tentateur se présente à lui. Comment Jésus va-t-il réagir ? Va-t-il entrer dans la tentation, va-t-il entrer en connivence avec la tentation, ou va-t-il y résister ? Va-t-il rester libre, affirmer sa liberté face à elles ? 

Tout de suite nous percevons que cela nous concerne tous. Car tous nous connaissons ce même genre d’épreuves, les trois tentations emblématiques mises en scène par l’évangéliste.

1ère tentation : de l’ordre du manque, de la faim et de la soif, de la consommation : allons-nous vivre notre vie en consommateur et en prédateur… ou acceptons-nous librement une certaine sobriété, une sobriété heureuse, qui nous délivre du désir d’avoir, du toujours plus… Qui promet une liberté plus grande par rapport à tout ce dont nous éprouvons le manque. L’être humain ne vit pas seulement de pain, mais avant tout de parole, d’écoute, dans une relation rencontre personnelle.

C’est le sens du vœu de pauvreté, qui veut nous libérer de l’esclavage de la possession des biens, des richesses.

2ème tentation : Jésus est invité par le tentateur à utiliser son statut de fils de Dieu pour manipuler Dieu ! Pour l’obliger à intervenir. Jette-toi du haut du temple… et il te sauvera ! Jésus rejette une nouvelle fois cette manœuvre du diable, qui voudrait obliger Dieu. Ce serait mettre la main sur Dieu, exercer sur lui une emprise. Cela rejoint tout ce qui est de l’ordre de l’emprise sur les autres, pour les mettre à notre service, sous notre dépendance. Au contraire, heureux les doux, heureux les cœurs purs et limpides, les cœurs chastes. Ils laisser à Dieu sa liberté, ils laisser les autres à leur propre liberté. Contre tous les abus d’ordre affectif qui ne respectent pas autrui en l’emprisonnant dans des liens affectifs qui manquent de distance.

Nous rencontrons ici le sens profond du vœu de chasteté, qui est refus de toute emprise sur autrui.

3ème tentation enfin : le désir de domination, de pouvoir : chercher à se soumettre tous les royaumes de la terre. C’est une manière de se prosterner devant le prince de ce monde. Au contraire Jésus appelle à se prosterner devant Dieu seul et à tout relativiser en fonction de Dieu seul. Tu adoreras Dieu seul, et tu resteras libre par rapport à toutes les puissances de ce monde, que ce soit l’argent, la gloire ou toute fausse domination. Au contraire tu seras soumis à toute créature et la respecteras, tu t’en feras le serviteur et tu en prendras soin.

C’est le sens du vœu d’obéissance, et d’écoute, de réconciliation avec tout le réel, que l’on se met à servir et dont on prend humblement soin.

Ainsi, sous ces trois manières, tu entreras dans une nouvelle manière d’être au monde, dans une nouvelle conception de l’homme et de son bonheur. A l’image de Jésus, c’est un triple bonheur qui nous est promis, ouvert : une triple liberté qui est donnée pour notre croissance dans la vie et la réalisation de notre vocation profonde :

  • Heureux les pauvres, heureux les sobres, – Ils ne sont plus ou ils sont moins des prédateurs
  • Heureux les doux, les êtres chastes, au cœur limpide et respectueux. Ils vivant une heureuse distance par rapport au Mystère, Mystère de Dieu et mystère de chaque être. – Ils ne sont plus manipulateurs.
  • Heureux les êtres fraternels, qui obéissent et se mettent au service des autres, à l’écoute de tout le réel, soumis joyeusement à tous leurs frères et sœurs – Ils ne cherchent plus à dominer les autres.

En bref, que nous dit l’Évangile ? Il était une fois Jésus, regardez-le donc : lui le premier il n’entre pas en tentation, il ne tolère aucune connivence avec les trois tentations fondamentales qui peuvent surgir en l’être humain.

De même il était une fois François d’Assise : lui, le petit pauvre, il était infiniment respectueux de toute créature et se considérait comme un petit frère soumis à tous. Il voulait suivre Jésus et est devenu comme lui un homme libre, libéré de tout ce qui nous rétrécit, indemne de toutes les tentations qui risquent de nous égarer sur des chemins de traverse, et désireux d’opter le chemin de la vraie vie.

Comme Jésus, qui au désert par trois fois décida de « choisir la vie » !

Frère Bernard-Joseph supérieur de la communauté de l’abbaye cistercienne d’Orval

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