Naître d’en-Haut

Revoici le temps de l’Avent ! Nous voilà à ressortir la crèche, le sapin et autres décorations de fin d’année… N’avez-vous pas le sentiment de les avoir tout juste rangés dans l’armoire ? Le temps passe si vite ! Comment trouver, année après année, un nouveau souffle pour vivre ce temps qui nous prépare à Noël ? Et, finalement, quelle importance a donc « Celui qui vient » pour notre vie ?

« Que m’importe que le Christ soit né il y a près de 2000 ans, si aujourd’hui il ne naît pas en moi ? » Capture journal Dimanche

L’avènement de Jésus est au cœur de cette période liturgique. L’opportunité n’est pas d’entretenir un simple souvenir, mais bien une mémoire ! C’est-à-dire une actualisation vivante. Pour le dire autrement, nous ne nous préparons pas avec hâte à fêter un joyeux anniversaire, mais nous célébrons le don d’amour incessant que Dieu réalise pour notre humanité. Si nous voulons vivre intensément l’Avent, nous ne pouvons pas en garder la portée à l’extérieur de nous-même. A travers la vie du Christ, nous nous éveillons au Mystère le plus insondable de notre réalité humaine : notre participation à la vie divine! En grec, christos signifie « celui qui a reçu l’onction », la marque de Dieu. En hébreu, on dit Mashiah, qui donnera « Messie ». Qu’on se le dise, Jésus n’est pas un Messie pour lui-même ! « Le Christ est le premier-né d’une multitude de frères » dit saint Paul (Rm 8,29). Célébrer l’avènement du Christ, c’est aussi célébrer notre fraternité christique ! En chacun de nous, Dieu naît chaque jour. Il nous invite à rejoindre en profondeur le chemin de la Source, de la Vie, de l’Amour.

On doit à Angelus Silesius cette remarque extraordinaire : « Que m’importe que le Christ soit né il y a près de 2000 ans, si aujourd’hui il ne naît pas en moi ? » Les pères de l’Eglise le répétaient : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ». En effet, la vie du Christ est l’archétype de notre nouvelle naissance. Il nous faut naître d’en-Haut pour connaître le Royaume de Dieu (Jn 3,3) comme la chrysalide libère le papillon, comme le grain tombé en terre meurt pour grandir et porter beaucoup de fruits. C’est l’engendrement spirituel de toute une vie, une métamorphose qui traverse la mort.

Quand en sommes-nous témoins ? Chaque fois que nous aimons en vérité et que nous nous sentons aimés. Dans la bonté, la patience, la bienveillance. Chaque fois que nous pardonnons ou que nous sommes pardonnés. Chaque fois que nous consolons ou que nous sommes consolés. Chaque fois que nous œuvrons à davantage de paix, de justice, de fraternité. Chaque fois que notre conscience est éveillée. Chaque fois que nous nous sentons pleinement à notre place et que nous ressentons une joie profonde. Chaque fois que nous vivons un moment qui ouvre à une lumière insoupçonnée : donner naissance à un enfant, épauler sa conjointe, réconforter et soigner celui qui est blessé, transmettre ou recevoir une parole sage, partager une passion, grandir dans l’amitié… Chaque fois que nous traversons les difficultés sans perdre courage. Ce sont tous ces moments de justesse où l’on sent qu’une indicible force est à l’œuvre, qu’une Présence ne nous laisse pas seul, que nos limites sont transcendées et chamboulées. Tous ces petits et grands moments où le miracle est en nous ou proche de nous. C’est parfois si simple et si bref. C’est parfois si fort, si puissant. Autant de petits et grands « clins Dieu » à travers des rencontres ou moments de la vie qui semblent ne pouvoir être contenus par l’espace-temps et où l’étreinte intérieure est touchante, émouvante.

En ce temps de l’Avent, ne pourrions-nous pas chercher à faire mémoire de tous ces petits et grands moments où nous sommes nés d’en-Haut ? En retrouvant les étincelles de notre vie qui nous ont marqués spirituellement, nous pourrons entrer dans une dynamique d’action de grâce et prononcer autant de merci à la Vie. Seul, en couple, en famille… la réminiscence de nos irruptions divines nous permettra de célébrer notre engendrement à la vraie Vie ! Dans cette prière, nous offrirons tout notre amour au Dieu qui vient. Ne tardons pas ! A travers le Christ, l’Avent est aussi le nôtre.

Sébastien BELLEFLAMME – Enseignant et animateur en pastorale.

Tiré du journal Dimanche du 27 novembre 2022

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