Homélie de ce dimanche de Frère Bernard-Joseph d’Orval.
Cette homélie est toute empreinte de ce qui se passe en Ukraine ! Il nous propose de prier ensemble pour la paix via la belle prière de François d’Assise.

Introduction
La prière d’ouverture résonne fortement dans notre actualité internationale : Dieu veut la paix, et nous sommes en guerre.
Nous t’en prions, Seigneur,
accorde-nous de vivre dans un monde
où les événements se déroulent selon ton dessein de paix,
et où ton Eglise connaisse la joie de te servir dans la sérénité. Par…
Appelons le pardon du Seigneur sur nous tous, car tous nous avons péché contre la paix…
Homélie
Nous sommes en guerre. La guerre s’est invitée dans notre Europe… elle menace de s’étendre dans notre Europe… qui se trouve bien fragile face à cette perspective.
Nous sommes donc invités à prier pour la paix. Mais comme nous nous sentons impuissants face à des enjeux qui nous dépassent de toutes parts.
- Impuissants en tant que petite nation,
- Impuissants aussi en tant qu’Europe… qui cherche sa cohérence
- Impuissants aussi chacun personnellement
Et pourtant nous prions pour la paix, nous désirons apporter notre petite part à la construction d’un monde de paix.
Et cela commence par nous-mêmes. Car « avant d’être une affaire de politique étrangère, la paix est d’abord une affaire de politique intérieure à nous-mêmes. »
Quelle politique de paix vais-je mener en moi-même ? Comment puis-je préparer la paix en mon cœur, puis dans ma propre famille ou communauté, dans mon pays… Car tout se tient. Et là où je peux agir, c’est d’abord en moi-même.
Une prière pour la paix, attribuée à S. François d’Assise. Elle reflète bien son esprit, mais le premier texte où l’on trouve cette prière date de 1912. Peu importe ici. L’on sait par exemple que le roi Baudouin et la reine Fabiola priaient cette prière chaque soir. Et cette prière fut reprise par exemple dans la rencontre d’Assise des religions pour la paix en 1986.
Cette prière commence par ces mots : Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix.
Que je devienne progressivement un être de paix, que mon cœur soit un cœur pacifié (en lui-même) et un cœur pacifique (au-dehors, dans toutes mes relations).
Ce travail tout intérieur se trouve évoqué de triple manière dans les lectures de cette messe, avec l’image de l’arbre qui se reconnaît à ses fruits. Traduisons : un cœur pacifié (à l’intérieur de soi-même) produit (au-dehors) des fruits de paix.
Comme l’arbre sécrète la sève et devient fécond, ainsi nous sommes appelés à sécréter au secret de notre cœur une sève qui portera des fruits d’amour et de paix.
Cette semaine, s’ouvre pour nous chrétiens le temps favorable du Carême. Le pape François nous invite à penser ensemble le carême et la prière pour la paix… Il nous propose de vivre en ce mercredi des cendres une journée de prière et de jeûne pour la paix.
Qu’est-ce que cela changera à l’échelle du conflit en Ukraine ? Peu de choses, dans l’ordre visible et manifeste, mais au-dedans, nous croyons que tout surcroît de sève de paix en notre cœur contribue, pour sa petite part, pour la part unique qui dépend de moi, à préparer de loin un fruit de paix.
« L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon. » L’homme de paix tire la paix du trésor de son cœur qui est pacifié.
Je vous lis lentement l’ensemble de la prière pour la paix. Prière qui résonne comme un engagement personnel au service de la paix.
Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix.
(Suit une liste de 8 situations extérieures où ce travail de paix peut s’exercer)
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.
(La deuxième partie de la prière concerne notre attitude intérieure)
O Maître, que je ne cherche pas tant
d’être consolé que de consoler,
d’être compris que de comprendre,
d’être aimé que d’aimer.
Car c’est en se donnant qu’on reçoit,
en s’oubliant qu’on se trouve,
en pardonnant qu’on est pardonné,
en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie.
Frères et sœurs, j’ose vous proposer cette prière pour le carême. Que cette prière agisse au-dedans de nous tous.
Qu’elle éveille en nos cœurs un afflux de sève de paix, à l’unisson du printemps qui s’annonce et déjà fait monter la sève dans les arbres, promesses de fruits à venir. Un printemps de paix.
Que cette prière élabore et nourrisse en nous des sentiments de paix… et peu à peu la paix rayonnera autour de nous.
Amen.
Frère Bernard-Joseph d’Orval