Le Père Joseph BURGRAFF publie, chaque trimestre, un bulletin d’amitié intitulé “Joyeux dans l’Espérance”, trait d’union entre les Spiritains, leurs amis, familles et bienfaiteurs.
Nous vous proposons l’éditorial de juin 2021.

L’Esprit donne la vie
Lors de son retour à Rome après sa visite historique en Irak, le pape François a parlé de ce voyage comme d’un retour à la vie après de longs mois de « captivité » à cause de la pandémie.
La vie est plus forte que la mort.
C’est le thème repris par notre supérieur général, John Fogarty, dans son message pour la Pentecôte : l’Esprit donne la vie. Cette conviction est à la base de notre identité spiritaine : nous sommes vivants en Dieu, et pour les autres. Nous nous inscrivons dans la dynamique d’une Eglise qui ne se préoccupe pas d’elle-même et dont le premier souci est de porter la vie et l’espérance. Cette vie a deux axes essentiels : l’union contemplative avec Dieu et le service des pauvres, des oubliés, des marginalisés. A la suite de Jésus, et très modestement, nous donnons la vie, nous donnons notre vie, jour après jour…
Le Père Libermann parlait beaucoup de la vie apostolique : une vie donnée avec générosité et amour pour les autres, loin des chemins du confort et de la facilité. L’œuvre en elle-même a de continuelles mortifications à offrir aux missionnaires. Les mortifications sont autant de petites morts à nous-même, une façon de nous décentrer… Il continue : Evitez de vous occuper de vous-mêmes… ne vous attendrissez jamais sur vous-mêmes. Il n’hésite pas à passer aux conseils pratiques : il rappelle aux missionnaires que leur nourriture doit être celle des pauvres, tout en insistant sur l’importance d’une alimentation saine, solide et substantielle. Je vous recommande de ne pas ruiner votre santé. Il ne s’agit pas de faire et de mourir après, mais de faire et de vivre toujours, pour faire encore et toujours.
Conseils judicieux, certainement en ce temps de confinement, de contraintes et de restrictions… Nous avons été réduits à une certaine inactivité, à l’isolement… Et dans le même temps, nous avons fait l’expérience de nos limites, de notre fragilité. Au risque même de nous installer dans la solitude et le repli sur soi. Mais la vie continue. On organise des rencontres virtuelles, de l’enseignement en ligne. Et même des célébrations relayées par Zoom ou d’autres moyens techniques. Il est important de continuer à faire des projets, à fixer des échéances. De continuer à rêver…
Cela me fait songer à une image parvenue de Birmanie. Des manifestants ont inscrit cette phrase sur un mur noir hérissé de barbelés (en anglais, à l’usage du monde entier) : Vous pouvez couper toutes les fleurs, vous n’empêcherez pas le printemps de fleurir.
La volonté de continuer à vivre est un don de l’Esprit, tout comme les engagements des soignants. Dans notre mission particulière, nous redécouvrons l’importance du soin des autres. Prenez soin de vous, prenez soin des autres.
La vie continue. Dans la force de l’Esprit. La résilience est un don de l’Esprit. Même avec une Journée Kongolo « à portes fermées », nous avons évoqué à la Pentecôte les confrères qui ont donné leur vie à Kongolo ; ils ont fait confiance au Maître de la Mission et l’ont accompagné dans son Passage.
Ils ont vécu l’Espérance, jusqu’au bout. La mort fait son œuvre en nous, pour que la vie jaillisse en vous (2 Cor 4,12). Les martyrs de Kongolo n’ont pas raté ce dernier témoignage : le service et la protection des pauvres et des réfugiés. Avec les risques inhérents…
Ils anticipaient le conseil du pape François : L’espérance est audace, elle sait regarder au-delà du confort personnel, des petites sécurités et des compensations qui rétrécissent l’horizon, pour s’ouvrir à de grands idéaux qui rendent la vie plus belle et plus digne. Marchons dans l’espérance ! (Fratelli Tutti 55).
Père Joseph BURGRAFF