Le nombre de paroisses ne correspond plus à la réalité de la société moderne explique Mgr Warin dans une lettre pastorale lue le week-end dernier.

« Nous ne pouvons plus faire route en Église comme avant. Le grand nombre, le nombre actuel des paroisses, ne correspond plus à la position réelle de l’Église dans notre société moderne. » Cette phrase est extraite de la lettre pastorale de Mgr Pierre Warin, évêque de Namur-Luxembourg. Une lettre lue dans toutes les églises du diocèse le week-end dernier. Dans cette missive, Mgr Warin part d’une réalité historique, remontant à l’Antiquité : « La paroisse partout, dans chaque village, est une réalité qui s’est développée avec le long processus de christianisation. Auparavant, l’Église était surtout une réalité urbaine : pour participer à l’assemblée dominicale, on venait à la ville, et l’assemblée dominicale était le plus souvent présidée par l’évêque. »
Mutations
La société a cependant changé. L’évêque le constate : « Aujourd’hui notre société est pluraliste : les convictions les plus diverses se côtoient. Elle est plutôt laïque : le christianisme n’est plus majoritaire comme naguère. Autrefois nos églises rassemblaient généralement un fort pourcentage de personnes de la paroisse. Actuellement la pratique dominicale n’est plus ce qu’elle était. »
Ce changement de société entraîne de modifier l’organisation du culte : « Comment l’Église pourrait-elle être évangélisatrice si elle ne commence pas par s’évangéliser elle-même ? » note-t-il, invitant les communautés à être « pleinement chrétiennes. »
Terme qui sous-entend « célébrer » « grandir dans la foi » et « aussi mettre en œuvre le service du frère (la diaconie). » « Reconnaissons-le : bien des communautés, trop petites, n’ont pas les potentialités pour promouvoir les trois dimensions. »
Un vaste chantier
L’évêque se plaît à mettre en avant le travail du Chantier paroissial qui « propose un remodelage, un réajustement de l’habit paroissial, qui implique des regroupements, sans pour autant délaisser la pastorale de proximité, qui n’a pas vécu. L’Unité pastorale devenant la base de la vie chrétienne. »
Mgr Warin sait que cette mutation n’est pas forcément une évidence : « Il s’agira d’inviter, à temps et à contretemps, à dépasser le tenace esprit de clocher. J’ajoute. S’il faut conjurer les tentations de repli, il ne peut être question de porter atteinte à la vitalité des dynamismes locaux existants. Nous ne voulons pas reproduire des erreurs commises lors des fusions de communes et participer à un reflux de la vie. »
Sur le site du diocèse, on précise que cette lettre « pourra être analysée, décortiquée au fil des mois et des rencontres. »
Jean-Michel BODELET
Extrait de l’Avenir de Luxembourg du 12 janvier 2022.