Commémoration des défunts

« La communion des saints, la résurrection de la chair, la vie éternelle » – Toussaint et commémoration des défunts

«Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu» (Matthieu 5, 1-12)

L’Eglise catholique fête ce 1er novembre tous ses saints, soit ces défunts – connus ou anonymes – qui ont été perméables à l’amour divin sur terre et qui participent désormais à la plénitude du ciel. Leur course terrestre s’est achevée, mais ils sont tout sauf spirituellement morts. En Dieu, ils sont plus-que-vivants. Voilà pourquoi à ceux qui les invoquent, ils servent de premiers de cordée sur le chemin de la conversion. La communion des saints est cette solidarité profonde qui unit spirituellement les vivants sur terre et les vivants en Dieu.

L’Eglise catholique commémore ce 2 novembre plus largement tous les défunts, soit la multitude d’hommes et de femmes qui ont vécu leur grand passage. L’Eglise invite à prier avec eux, mais aussi pour eux. En effet, tout comme l’œil qui sort de la cave doit s’habituer à la lumière éclatante du soleil, de même beaucoup ont besoin d’une transition qui dilate leur cœur – état que l’Eglise du moyen-âge appela le « purgatoire ». La prière pour les défunts est donc une expression de la solidarité spirituelle qui unit les pèlerins de la terre à ceux du ciel.

Le culte des saints et la prière pour les défunts sont bien davantage que des fioritures de notre foi de baptisé. En voyant le nombre impressionnant de nos contemporains qui – en ce début de XXIe siècle – visitent encore les cimetières, nous constatons que l’affection pour « ces chers disparus » rejoint une intuition spirituelle profonde. En priant pour un défunt, nous l’accompagnons sur le chemin de notre commune destinée en espérance – la pleine communion dans l’Amour trois fois saint. Alors, l’adieu devient « à-Dieu ».

Article tiré du blog de l’abbé Eric de Beukelaer

Ils sont en nous…

Un édito de Francis Van de Woestyne – dans La Libre du 31 octobre 2018

Ils sont en nous. Ils sont dans nos larmes, dans nos cris, dans nos soupirs, dans nos silences. Dans nos joies, aussi. Ils sont partout.

Pour toujours.

Nos morts nous accompagnent, ils cheminent à nos côtés : enfant mort avant d’avoir vu le jour, bébé à peine né, jeune qui trottine, écolier souriant, ado naissant, jeune adulte, père éphémère, mère fière, tout juste grand-mère, mamy sans souci, presque centenaire… Nous les aimions à la folie, nous les voulions à nos côtés jusqu’à notre dernier souffle. Ils sont partis avant nous, sans raison, nous laissant dévastés, tordus de douleur, glacés d’effroi.

Peu importe la manière dont ils nous ont quittés : morts par accident, par maladie, par attentat, mort volontaire. Ils ne sont plus là pour nous parler, nous prendre la main, nous caresser la joue, nous faire rire aux larmes ou trembler de plaisir. Ils ne sont plus ici pour ensoleiller nos vies et donner un sens à nos projets. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Parce que. Il n’y a pas, il n’y aura jamais de réponse à ces questions qui nous emplissent de doutes, qui nous empêchent de dormir et parfois de vivre.

Ils ne sont plus là, ils sont ailleurs. Leur vie a pris fin mais leur histoire continue. Il faut parler des morts, raconter leur vie, se souvenir de leurs joies, de leurs voix, de leurs humeurs, de leurs heures parfois si brèves sur terre. Il faut en parler parce que taire leur nom, c’est les faire mourir une deuxième fois. Il faut en parler, pas seulement en cette semaine de novembre, mais toute l’année, de janvier à décembre. Et recommencer.

Ils sont en nous, au bord de nous. Jamais ils ne quitteront nos pensées, notre esprit, notre corps. Nos morts sont parfois si vivants en nous que ceux qui nous côtoient nous trouvent étranges, nous croient dérangés, obsédés à leur souvenir. Mais c’est ainsi. Il ne faut jamais croire, pas même une seconde, que tout passe, qu’on se lasse de penser à eux. Un jour, un mois, un an, dix ans : tous les jours, c’est le lendemain de leur mort. Comment éviter le pire, périr aussi ? Heureusement, il y a des mots, des mains, des regards qui soulagent et nous portent. Nos morts sont en nous, au bord de nous. Pour toujours. Évidemment.
Francis Van de Woestyne