Répondant à la demande du Père Stanislas Maslak, curé de l’Unité Pastorale Paliseul-Saint Joseph, André-Marie ANTOINE, ancien Paliseulois et prêtre-ouvrier a, en célébrant et en témoignant de son vécu lors de la messe dominicale en l’honneur de saint Joseph, mis ses pas dans ceux de « l’artisan Joseph de Nazareth » !
André-Marie Antoine, avait été fêté par le tout Paliseul en 1977 lors de son ordination. Il reste un des derniers prêtres-ouvriers belges.

» L’abbé André-Marie Antoine, prêtre-ouvrier, de retour à Paliseul pour célébrer la fête de saint Joseph. «
Un prêtre-ouvrier ou un prêtre au travail, est un prêtre inséré dans la vie professionnelle. Il est entré en usine chez Colgate-Palmolive en 1975, militera à la FGTB à Liège tout en travaillant comme ouvrier, avant de connaître le chômage et le parcours du combattant pour retrouver un emploi à 50 ans. Aujourd’hui, « André », comme l’appellent ses camarades du syndicat socialiste, est âgé d’un peu plus de 70 ans. Après lui, il n’y aura plus de prêtres-ouvriers. Ils ne sont plus qu’une dizaine en Belgique.
Lors de sa venue à Paliseul le week-end dernier, nous avons pu partager son vécu.
Pourquoi être prêtre-ouvrier ?
En lui demandant, pourquoi il a préféré devenir prêtre-ouvrier, dans son témoignage, il insiste « pour moi le christianisme, ce sont les actes » ou encore « les actes doivent précéder l’annonce de la Parole ».
Son raisonnement s’appuie sur de nombreuses paroles tirées de l’évangile. Nous en avons reprises trois parmi la dizaine citée.
« Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. » (1 Jean 3,18)
« Homme, répond le prophète, on t’a fait connaître ce qui est bien, ce que le Seigneur réclame de toi : rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité, et t’appliquer à marcher avec ton Dieu. » (Michée 6,8)
Alors Jésus lui déclara : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique ! » (Luc 11, 28)
L’abbé André-Marie Antoine continue en insistant : « Pour les prêtres-ouvriers, il s’agit de vivre l’eucharistie plus que de célébrer l’eucharistie ou dire la messe. L’eucharistie, c’est revivre ce que Jésus fait à la fin de sa vie (récapitulatif de sa vie), c’est-à-dire, donner sa vie jusqu’au bout, jusqu’à sa mort. Il s’agit pour nous de vivre cette eucharistie, non seulement dans une église, mais dans la vie quotidienne, en partageant la condition ouvrière, et faire de notre vie une vie donnée aux autres, à l’exemple du Christ. Ou, dit autrement, il s’agit de faire de notre vie une eucharistie. »
Et il termine, «Je célèbre la messe tous les dimanches soir en union avec toute l’Église et en y rassemblant dans la prière toutes les personnes que j’ai rencontrées pendant la semaine et qui ne vont pas dans les églises parce qu’elles sont incroyantes ou non-pratiquantes. Je passe ma matinée à méditer les textes de la messe du jour en m’aidant de plusieurs homélies qu’on trouve sur internet et de livres d’exégèse que je possède. Plus particulièrement, il s’agit de mettre l’évangile dans ma vie et de mettre ma vie dans les mains du Dieu de Jésus. »
En quoi consiste la vie d’un prêtre-ouvrier ?
« C’est partager la condition ouvrière en travaillant en usine ou sur les chantiers avec comme seul revenu celui de son travail, jusqu’au bout de sa vie, sans retour possible. C’est-à-dire en prenant les risques d’être licencié, de tomber au chômage, de prendre le boulot qui se présente. »
Pour l’abbé Antoine, le côté humain est primordial : « A travers ce partage de vie, qui fait que l’usine ou le chantier est en quelque sorte notre paroisse (donc pas de paroisse traditionnelle), c’est donner de l’importance aux copains de travail, l’importance qu’ils n’ont pas dans la société. C’est prendre au sérieux toute leur vie. »
Et comment vivre sa foi en Jésus-Christ dans ces conditions ? Il répond : « Vivre l’évangile, la foi dans la vie ouvrière comme lieu de la présence de Dieu, même si les copains n’y croient pas. L’évangile c’est la logique du serviteur, de celui qui prend la dernière place : c’est contre-intuitif, ce n’est pas spontané, c’est un renversement de valeur… »
Ou encore « Évangéliser, c’est aussi être soi-même évangélisé par celles et ceux avec qui on partage la vie. »
Il retrouve bien sa démarche de prêtre-ouvrier dans la phrase de William Blake : « J’ai cherché mon âme et je ne l’ai pas trouvée. J’ai cherché Dieu et je ne l’ai pas trouvé. J’ai cherché mon frère et je les ai trouvés tous les trois. »
« Chercher Dieu dans les autres fait progresser ma foi. Être proche des autres, les considérer, leur donner de l’importance, les valoriser. Le Christ vivait avec les gens. »
Merci à l’abbé André-Marie Antoine pour son témoignage de vie.
Merci à toi, André-Marie, ami des Hommes et de Dieu, cet « humain, chrétien » comme tu aimes te définir.
Pour l’Unité Pastorale,
François Vuidar



















Merci pour ce bouleversant témoignage !
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